consentement-libre-eclaire.jpgSuite à la réponse du Conseil constitutionnel qui considère que les lois d'obligations vaccinales sont conforment à la Constitution française, Marc Larère, le père de famille poursuivi en justice récemment, pour ne pas avoir fait vacciner sa fille, a accepté de répondre à nos questions le 24 mars dernier.

Prévention Vaccin : Bonjour Monsieur Larère.
Marc Larère : Bonjour à vous.

PV : Tout d'abord, j'ai envie de vous demander comment-allez vous ? Dans quel état d'esprit êtes-vous depuis la décision du Conseil Constitutionnel ?
ML : Très sincèrement, ma femme et moi ne sommes pas particulièrement chamboulés face à la décision du Conseil constitutionnel. Nous savions que cela allait être difficile. Nous voulions tenter le tout pour le tout, malheureusement ce n'est pas passé.

PV : Vu l'enjeu national, vous avez été sollicité par les médias. Qu'en retenez-vous ?
ML : Il y a du positif et du négatif. Nous avons été parfois déçus, mais aussi très agréablement surpris, notamment le vendredi 20 mars, par le reportage au 20h de TF1 qui était vraiment bien fait. De bons articles dans la presse écrite aussi, je pense notamment au Figaro. Les esprits évoluent, je constate que les médias aussi, et c'est vraiment positif ! Dans le négatif, on se souviendra peut-être de mon plateau avec Sophie Davant et ses questions à charge... Mais l'ensemble est positif, et nous retenons surtout cela.

PV : Avez-vous été soutenu ? Soutiens citoyens, associatifs, politiques ?
ML : Oui nous avons de suite été soutenus par l'Union Nationale des Associations Citoyennes de Santé (UNACS.org) en la personne de Jacques Bessin et les bénévoles des associations qui en découlent. Nous avons reçu de nombreux messages de sympathie via les réseaux sociaux. On nous arrête parfois dans la rue pour nous demander des nouvelles, nous encourager. Encore une fois, c'est positif, ça nous met du baume au cœur et l'envie de continuer.

PV : Revenons un peu en arrière, quel est le point de départ de cette affaire ? Vous aviez évoqué une dénonciation, pouvez-vous nous en dire plus ? Et quelles démarches avez-vous entrepris ?
ML : Nous connaissions l’indisponibilité du vaccin DTP (NDLR : indisponible depuis juin 2008) quand ma fille, maintenant âgée de 3 ans et demi, était plus petite. Nous avions consulté une pédiatre pour une visite médicale. La discussion est vite devenue houleuse en raison des pages vierges du carnet de vaccination de notre fille. Nous lui indiquions pourtant l’indisponibilité du vaccin DTP, mais nous étions clairement face à un mur. Elle nous a informé de son désir de dénoncer à la Protection Maternelle et Infantile (PMI). Quelques mois plus tard, nous sommes convoqués à la PMI par le médecin chef de service. Cette personne dit découvrir la situation face à nous, et prétend ignorer l’indisponibilité du vaccin DTP ! Elle n'hésitera pas néanmoins à nous dénoncer à son tour, au procureur, ce qui nous a valu une convocation à l'hôtel de police. Sur place, les policiers sont abasourdis par la situation qu'ils ne connaissaient pas non plus et m'apportent tout leur soutien. La suite, tout le monde la connaît: Tribunal correctionnel, Cour de cassation et plus récemment Conseil constitutionnel qui considère l'obligation vaccinale conforme à la constitution.

PV : Lorsque le procureur décide de se saisir du dossier, la machine judiciaire se met en route. Comment l'avez-vous vécu ?
ML : Franchement, j'avais espoir que le procureur ne lance pas la machine. Le DTP étant à la fois indisponible et le seul vaccin obligatoire, je pensais qu'il allait comprendre qu'il y a un gros soucis. Nous n'avons pas paniqué et avons eu rapidement un soutien direct de l'UNACS.

PV : Avez-vous eu peur de vous voir retirer la garde de vos enfants ?
ML : Nous avons eu très peur ! C'est la grande menace dans ce genre d'affaire, surtout quand on sait que nombre d'enfants sont placés abusivement en France ! Le chef du service de PMI nous avait implicitement menacé d'un placement. Mais Jacques Bessin nous avait expliqué que si nous étions convoqué au Tribunal de grande instance plutôt qu'au Tribunal pour enfants, le risque de se faire retirer la garde nos enfants était plus faible.

PV : Quand le Tribunal correctionnel s'est prononcé sur un renvoi à la Cour de cassation, qui à son tour a validé le renvoi au Conseil constitutionnel, avez-vous considéré cela comme une avancée majeure ?
ML : Une avancée majeure... Non ! On a cru que c'était possible, on avait ouvert une porte… Disons que cela a surtout donné du crédit à notre démarche. Nous n'étions plus perçus de la même manière, la caricature facile de l'illuminé laissait place au sérieux. L'impact médiatique a fait connaître le problème à un plus grand nombre de personnes, mais je n'ai pas considéré cela comme une avancée majeure.

PV : « La liberté s’arrête là où commence la santé publique et la sécurité de l’ensemble de la population», a déclaré la ministre de la santé, Marisol Touraine, suite à l'annonce du renvoi au Conseil constitutionnel. Il s'agit d'une adaptation maladroite de l'expression bien connue, « La liberté des uns s’arrêtent là où commence celles des autres ». Pourtant, en ne vaccinant pas, vous exercez votre liberté sans pour autant nuire à la liberté des autres, qui ont le choix de se faire vacciner ou non. Avez-vous eu des contacts avec la ministère de la santé ou avec le gouvernement ?
ML : Absolument aucun ! Cette phrase de notre ministre a été dite en catastrophe. Elle est d'ailleurs sans fondement. Si l'on croit en la vaccination, si l'on se fait vacciner, c'est pour être protégé, donc je ne comprend pas cette affirmation. Mais c'est un autre problème…

PV : Merci Monsieur Larère pour toutes ces précisions. Nous espérons que la justice ne se trompe plus de cible à l'avenir, qu'elle sache identifier les responsables de ce problème d'indisponibilité du vaccin DTP dans le circuit pharmaceutique depuis 2008 ! L'association Prévention Vaccin vous souhaite un dénouement évidement favorable au respect de votre droit à liberté de choisir en matière de vaccination. Merci de votre témoignage.
ML : Merci à vous.